Ce que tu dois savoir sur le REER et les 60 premiers jours de 2025
Par Dany Provost, B. Sc. Act., D. Fisc., CFA, Pl. Fin, Directeur Associé en planification financière chez SFL Gestion de Patrimoine, partenaire du cabinet Jolicoeur | Lapierre Gestion financière
À 28 ans, avec une carrière d’avocat prometteuse, un salaire annuel de 150 000$ avec un boni de 20 000$ en février prochain et un surplus mensuel de près de 2500$, tu es bien placé pour tirer le maximum de tes cotisations au REER et au CELIAPP. En théorie, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais voilà, tu te poses encore deux questions :
- Si je devais réduire une cotisation, je choisirais le REER ou le CELIAPP ?
- Quel est le problème avec les 60 premiers jours de l’année avec mes cotisations REER?
Je vais notamment tenter de répondre à ces deux questions dans le présent texte.
En fait, je vais plutôt mettre l’accent sur la deuxième parce que la réponse à la première est simple : le REER.
C’est tout. Pas de nuances, pas de « oui mais… ». Rien.
Tu as eu la chance de te qualifier à l’ouverture d’un CELIAPP? Profites-en au maximum en investissant 40 000$ sur quelques années. Si tu ne te sers pas de cet argent pour acheter une première maison, ce qui rendrait ton retrait non imposable, le pire qu’il peut t’arriver est de transférer éventuellement ce montant dans ton REER sans quelque impact fiscal que ce soit.
C’est vraiment un no-brainer.
Je ne m’étendrai pas davantage sur les caractéristiques du CELIAPP. Je vais simplement te donner un petit conseil si 1- tu as un conjoint depuis moins de 12 mois et que 2- tu n’as pas été propriétaire au cours des cinq dernières années mais que 3- ton conjoint l’a été.
Mon petit conseil : Grouille!
Dépêche-toi à ouvrir un CELIAPP si ce n’est déjà fait.
Il faut procéder avant de célébrer votre premier anniversaire de « relation conjugale », notion qui n’est pas définie dans la Loi de l’impôt sur le revenu mais plutôt dans la jurisprudence. Tu éviteras ainsi que ton conjoint te disqualifie à l’ouverture d’un beau CELIAPP qui est un vrai cadeau à côté duquel tu ne veux pas passer.
Bon. Assez parlé du CELIAPP. Parlons maintenant un peu du REER.
Tu sais ce que c’est : tu y cotises et tu sauves de l’impôt grâce à ces cotisations. Si tu fais un retrait, il est imposable. Pendant l’accumulation, aucun impôt n’est payable et à 71 au maximum, tu dois le fermer, c’est-à-dire généralement transférer l’argent dans un Fonds enregistré de revenus de retraite (FERR) ou t’acheter une rente avec.
Il y a cependant une foule de petits détails utiles à connaître.
Comprendre les cotisations inutilisées et les droits inutilisés
Avant d’aller plus loin, clarifions deux concepts souvent confondus :
- Droits de cotisation inutilisés : Ce sont les montants que tu peux cotiser à ton REER parce que tu n’as pas cotisé au maximum dans le passé. Par exemple, si l’an dernier, tu avais le droit de cotiser à la hauteur de 25 000$ mais que tu n’as cotisé que 18 000$, les 7 000$ non cotisés constituent des droits inutilisés qui se rajoutent aux droits ordinaires générés dans une année. Par exemple, avec un revenu gagné en 2024 de 150 000$, les droits générés pour 2025 sont de 27 000$ (18% de 150 000$). Les droits inutilisés de 7 000$ portent à 34 000$ les cotisations totales que tu peux faire dans ton REER en 2025.
- Cotisations inutilisées : Ce sont des cotisations que tu as déjà faites dans le passé, mais que tu n’as pas encore déduites pour diverses raisons, par exemple tu attendais d’avoir un taux d’impôt marginal assez élevé pour que ça « vaille la peine » d’utiliser ces déductions.
Les pièges des logiciels et des autorités fiscales
Tu dois savoir que lorsque tu cotises à ton REER au cours des 60 premiers jours d’une année, tu peux appliquer cette cotisation à l’encontre de ton revenu de l’année précédente. On appelle cette période, dans le jargon des services financiers, la « période des REER ». En fait, on devrait l’appeler la « période des REER pour les retardataires ».
Mais toi, on m’a dit que tu n’es pas comme ça. Tu es ponctuel et bien préparé.
Tu as lu en caractère gras le mot « peux ». Ce n’est pas une obligation, c’est une option. Avec une cotisation faite en février de 2025, tu peux très bien choisir de réduire ton revenu de 2025, surtout si ton taux d’imposition marginal est nettement supérieur à celui de 2024 (donc, tu sauves plus d’impôts en 2025 qu’en 2024).
Mais ici, on a un problème…
- Les logiciels d’impôt : par défaut, la cotisation faite dans les 60 premiers jours d’une année viennent réduire le revenu de l’année précédente. Il peut être compliqué de modifier cette option par défaut, ce qui crée une confusion inutile. Si tu veux que tes cotisations de février 2025 soient appliquées à 2025, tu devras ajuster manuellement ta déclaration en inscrivant des cotisations inutilisées même si ce n’est pas ce qui s’est passé dans la « vraie vie ».
- Les employés de l’Agence du revenu du Canada (ARC) sont parfois complètement ignorants de cette règle. Un de mes amis a déjà passé plus de 90 minutes au téléphone avec un agent de première ligne qui n’avait jamais vu cette situation de sa vie et qui est allé chercher une réponse qui ne l’a même pas rassuré.
Mais toi, tu le sais maintenant.
Si jamais tu rencontres des embûches lorsque vient le temps de déduire ta cotisation faite dans les 60 premiers jours d’une année dans cette même année, c’est ton droit et tu dois tenir ton bout face à l’adversité, qui peut être étonnamment grande…
Si tu as besoin d’aide pour appliquer cette règle ou pour résoudre une situation particulière, n’hésite pas à consulter ton planificateur financier, Charles-Éric ou Pier-Karl, ou un autre conseiller fiscal. Après tout, même les esprits les plus brillants peuvent apprécier un coup de main pour naviguer dans les eaux tumultueuses des REER.
Bonne cotisation!
L’équipe Jolicoeur | Lapierre Gestion financière
418-627-4447 x 665
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